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Pratique

Randonner sans souffrir

Elles sont des compagnes de randonnée indésirables, auxquelles il est malheureusement rare d’échapper: les ampoules. Comment y remédier et comment faire pour les éviter?
12.07.2024 • Texte: Barbara Graber
Des chaussures et des chaussettes adaptées contribuent à éviter les ampoules.

La mauvaise nouvelle: il n’existe aucun remède miracle pour prévenir les ampoules. La bonne nouvelle: le Suédois Lars Backsell a inventé le pansement pour ampoules il y a près de 40 ans. Le Compeed, dont le nom est devenu synonyme de pansement pour ampoules en raison de son omniprésence sur le marché, a depuis sauvé plus d’une journée, voire semaine, de randonnée.

Inventé par hasard

Lars Backsell, qui était directeur général d’une entreprise médicale, pratiquait la course à pied et souffrait fréquemment d’ampoules. Un jour, lorsqu’une vilaine cloque apparut à nouveau, il fit un essai en plaçant sous son pansement un film de protection de son employeur, qui avait été développé pour les personnes avec des poches de stomie. Cette tentative soulagea considérablement sa douleur, ce qu’il raconta à une infirmière de l’armée suédoise rencontrée par hasard dans le train.

Ensemble, ils firent un test sur un groupe de recrues. Le résultat fut sans appel: les ampoules posaient moins de problèmes aux recrues qui avaient un film de protection sous leur pansement qu’aux autres. Lars Backsell présenta les résultats de ce test à son chef, qui lui confia le développement d’un pansement pour ampoules jusqu’à sa commercialisation. Aussitôt dit, aussitôt fait: Compeed était né.

Le principe d’un pansement pour ampoules est le suivant: des substances hydrocolloïdes absorbent le liquide de l’ampoule et le transforment en gel, sans perdre pour autant en adhérence ou en flexibilité. Les pansements Compeed sont donc conçus pour les ampoules déjà formées. Ils diminuent la douleur tout en gardant l’ampoule humide grâce à la technique hydrocolloïde, ce qui permet une guérison plus rapide. Mais au fait, d’où viennent les ampoules?

Une plaie inexplorée

Il est fort possible que l’humanité en sache plus sur la surface de la Lune que sur les origines d’une ampoule. On sait que les cloques ne se forment pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. L’ossature du pied bouge à chaque pas tandis que la peau, souple et flexible, reste collée à la semelle. Cela provoque alors des forces de cisaillement entre les couches de la peau.

La répétition constante du mouvement entraîne d’abord une friction aux endroits particulièrement sollicités. La peau rougit et commence à brûler. Si rien n’est fait pour la soulager, la couche superficielle se détache de la couche inférieure de la peau. L’espace creux ainsi créé se remplit de liquide afin de protéger la peau qui se trouve en dessous. Si l’ampoule continue à être soumise aux frottements et à la pression, elle éclate et provoque une plaie ouverte.

Mieux vaut prévenir que guérir

La pression, le frottement, la chaleur et l’humidité ne sont donc pas, comme on le pense souvent, directement responsables des ampoules, mais favorisent leur apparition. Pourtant, même en les évitant, il est parfois impossible d’empêcher la formation d’ampoules.

Avoir une chaussure bien ajustée est essentiel. Il est conseillé de choisir ses nouvelles chaussures de marche avec soin. Les fabricants travaillant avec différentes coupes, il est préférable d’en essayer une large sélection. En cas de point de pression au niveau des orteils ou de glissement du talon, prendre une pointure au-dessus ne sert généralement à rien. Avec le temps, on finit par connaître «sa» marque. Un bon laçage aide en outre à prévenir les frottements.

N’importe quel pied transpire après un certain temps passé dans une chaussure de marche étroite qui n’évacue ni l’air ni l’humidité. Le mot magique, tant pour les chaussures que les chaussettes, est «respirant». La matière doit rapidement absorber l’humidité et pouvoir la stocker afin de maintenir la peau au sec. Quant au choix entre cuir ou Gore-Tex et laine ou synthétique, tout dépend des préférences personnelles.

Si de nombreuses personnes misent sur des chaussettes en mérinos et disent ressentir moins d’humidité grâce à l’effet rafraîchissant de la laine, les études montrent que les chaussettes en acrylique s’en sortent en réalité mieux à ce niveau. Les rembourrages au niveau des zones les plus sensibles, comme le talon et les orteils, sont utiles. De plus, la chaussette ne doit pas bouger: si elle forme des plis, les ampoules sont alors presque inévitables. Pour évacuer l’humidité, le mieux reste encore d’enlever ses chaussures et ses chaussettes à chaque pause pour les faire sécher. Ou d’emporter une ou deux paires de rechange pour éviter l’attente.

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Une fois l’ampoule formée, seul un pansement peut encore aider.

A faire et ne pas faire

Mais que faire si des ampoules apparaissent alors que les chaussures et les chaussettes sont bien ajustées? Cela arrive malheureusement souvent. L’inventivité dans la lutte contre les cloques ne connaît aucune limite. Voici une sélection des méthodes les plus courantes, certaines étant recommandées, d’autres fortement déconseillées. L’essentiel est de déterminer la stratégie de prévention la plus efficace pour soi au fil des expériences douloureuses.

  • Chevillère ou talonnette en néoprène: une étude a montré que le néoprène était la seule mesure efficace contre les ampoules. Malheureusement, cette matière tient très chaud et sent rapidement mauvais. 
  • Bande adhésive: recouvrir les zones sensibles d’une bande textile stable et hautement adhésive. La peau doit être propre et sèche. Aucun pli ne doit se former lors de la pose et les bords de la bande doivent être à des endroits peu sollicités.
  • Pansement pour ampoules: beaucoup de personnes ne jurent que par les pansements pour ampoules dès le premier pas. C’est en fait absurde, puisque l’hydrocolloïde n’agit que sur une ampoule existante. Les personnes qui utilisent cette méthode malgré tout devraient protéger les bords du pansement avec du ruban adhésif afin d’éviter qu’il ne se détache et colle à la chaussette. L’utilisation de pansements classiques, autrefois fréquente, est fortement déconseillée. 
  • La corne est une couche protectrice et ne devrait donc pas être râpée. 
  • Superposition de chaussettes: certaines personnes mettent des bas en nylon sous leurs chaussettes de randonnée afin d’éviter la friction entre celles-ci et la peau. Le bas en nylon doit être bien ajusté pour empêcher tout frottement avec les chaussettes. Il est toutefois déconseillé d’utiliser des chaussettes en coton, car elles se gorgent d’humidité.
  • Vaseline, suif de cerf et compagnie: les crèmes et les huiles feraient office de lubrifiant pour minimiser les frottements. Mais elles ramollissent la peau, ce qui favorise plutôt la formation des ampoules. Il convient donc d’éviter ces produits. 
  • Bain de pieds: qu’il soit au plantain, à l’extrait d’hamamélis ou à l’arbre à thé, un bain de pieds est toujours agréable. Il n’est toutefois pas prouvé qu’il ait un quelconque effet contre les cloques.
  • La poudre est inefficace et accroît plutôt le risque d’ampoules.

L’ampoule est là. Et maintenant?

L’ampoule ne devrait être percée que dans des cas exceptionnels. En effet, la fine couche de peau de la cloque forme un pansement naturel qui protège la peau située en dessous des saletés et des germes. Aussi logique que cela soit, la pression sur l’ampoule dans une chaussure de marche bien serrée est néanmoins très douloureuse et fera éclater la cloque tôt ou tard. Selon l’expérience de l’autrice, il vaut donc mieux la percer, la désinfecter, la laisser sécher, puis la recouvrir d’un pansement pour ampoules. Une nouvelle couche superficielle de peau se formera au bout d’environ cinq jours.

Barbara Graber

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